Le dédoublement de personnalité dans "L'étrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde" de Robert Louis Stevenson et "Fight Club" de David Fincher





Couverture du film
    Le dédoublement de personnalité est un trouble psychologique  qui  est pour la première fois mis à jour en Amérique du Nord en 1973 avec le cas Sybil (jeune femme ayant plusieurs personnalités et qui a fait l'objet d'un livre)[1]. Cette maladie consiste à la création de plusieurs personnalités disparates chez un même sujet qui peuvent ressortir à tout moment. Ce problème mystérieux qui semble tout droit sorti de l'imaginaire est un sujet maintes fois utilisé dans des œuvres tant littéraires (Le Double de Fédor Dostoïevski) que cinématographiques (Psycho d'Alfred Hitchcock). Souvent représenté sous la forme d'une figure annexe du reflet, d'une ombre ou d'un jumeau,  le double est soit subjectif et crée une représentation de soi-même ou alors objectif et crée une représentation selon ses rapports avec le monde[2].
Couverture du roman
      D'ailleurs, le livre de Robert Louis Stevenson, Docteur Jekyll et Mister Hyde ainsi que le film de David Fincher, Ficht Club, illustrent bien ces théories dans leur œuvre. L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, paraît en 1886 en Angleterre. Dans ce livre de science-fiction, Henry Jekyll, médecin, élabore une potion qui sépare en lui le bien et le mal, par contre son mauvais côté prend peu à peu le contrôle du corps de Jekyll qui tentera en vain de le contrer. Dans l'autre, Fight Club (1999), film réalisé par l'Américain David Fincher, s'impose le thème du dédoublement de personnalité. Jack, travailleur pour une compagnie automobile, consommateur et insomniaque, trouve une échappatoire à son mal de vivre par la rencontre de Tyler Durden qui l'aidera à se réaliser en participant à club de combat. Ainsi, l'analyse comparative suivante observera les impacts de la société sur les individus, étudiera la manifestation du double, son évolution ainsi que la prise de conscience face à ce double et démontrera le sens du double dans les œuvres présentées.
 

 Les impacts de la société sur les individus

Époque victorienne (lapasserellemontreal.com)
    Dans Docteur Jekyll et Mister Hyde, le protagoniste se confronte à la réalité victorienne anglaise qui l'entoure, d'abord représentée par les valeurs du puritanisme et, ensuite, par les vertus bourgeoises. À ce propos, le puritanisme est un aspect très respecté dans la société victorienne. En effet, Victoria succède à son oncle, en 1937, qui délaisse l'Angleterre déstructurée par une révolution industrielle. L'époque victorienne débute donc avec une déstabilisation du système dont la nouvelle reine tente de rétablir l'ordre et, de ce fait, contribue au développement d'un environnement social strict.[3] Le puritanisme trouve son point d'ancrage dans la religion qui est présente au quotidien dans la vie des Anglais au XIXe siècle et même dans l'éducation. Cette religion oblige tous à une austérité, proscrit le blasphème et lutte constamment contre les nouvelles idées scientifiques de Darwin (l'évolution de l'homme) qui incitent le peuple à la science et la raison.[4]
C'est ce qui explique, dans Docteur Jekyll et Mister Hyde, que Henry Jekyll évolue dans un environnement où il est constamment tiraillé entre sa liberté individuelle et les contraintes émises par le puritanisme. En effet, le docteur décrit clairement ce sentiment qui l'empare depuis sa jeunesse : « […] le plus grand de mes défauts était un certain goût mal contenu pour les plaisirs, goût qui eût pu faire le bonheur de beaucoup, mais qui pour moi était incompatible avec le désir impérieux que j'avais de porter haut la tête et d'affecter devant le public une contenance plus grave que le commun de mes semblables. » (118). La répétition du mot « goût » dans la citation démontre une certaine attirance vers le plaisir. Par contre, l'utilisation d'un vocabulaire tel que « impérieux », « contenance » et « grave » à la suite de cette répétition prouve que le protagoniste tente de reprendre de la prestance, honteux face à ce qu'il a pu penser. Dans cette société qui demande constamment une retenue, le docteur se rend compte de l’importance de sa tendance au plaisir. Ainsi, cette citation illustre son tiraillement entre le plaisir et la prestance ainsi que cette constante pression emmène le protagoniste à se créer un double.
    De même, les vertus reliées à la bourgeoisie sont une autre réalité de l'époque victorienne. Le règne de la reine Victoria est, comme indiqué ci-haut, marqué par l'ère industrielle, donc l'apparition et l'augmentation de la présence de la classe ouvrière. En parallèle à ce phénomène, une nouvelle classe émerge, la classe moyenne ou alors la « middle class ». Cette nouvelle bourgeoisie est constituée des professions traditionnelles libérales. Ainsi, le médecin Henry Jekyll s'inscrit dans cette classe. Par contre, autour de ce milieu, il y a un code de conduite qui oblige « […] l'effort individuel, le travail [et] le sacrifice » (p.17),  qui juge une réussite par « le mérite et l'argent » (p.17) et ne jure que par « la discipline et l'austérité » (p.17). En effet, la bourgeoisie de l'époque victorienne est symbole du règne de la vertu. La société se caractérise par un effroi du scandale ainsi que l'importance de l'apparence du bien. De ce fait, l'homme bourgeois doit paraître honnête. Il doit porter des vêtements sombres, s'exprimer avec retenue, ne jamais être ivre, sortir rarement de chez lui et doit considérer les femmes avec la même modération que son habitude de vie. Les efforts fournis par ces hommes ne sont pas vains, mais la pression est grande (p.16-17). La conduite des hommes est dictée et doit être respectée tant dans la société que dans leur propre demeure. Ils suivent constamment une manière de vivre qui les dépersonnalise, empêche l'affirmation d'une identité propre à eux, ambiguë, où toute personne possède de mauvais et bons côtés. Dans une lettre qu’il a écrite avant de mourir, le docteur Jekyll raconte ce qui l’a poussé à créer la potion pour séparer le bien et le mal en lui :

« Héritier d'une grande fortune, doué par ailleurs d'excellentes qualités, naturellement enclin au travail, désireux d'obtenir l'estime des gens intelligents et vertueux qui m'entouraient, j'entrais, comme on aurait pu le  supposer, dans la vie avec toutes les garanties d'un avenir honorable et distingué. […] Cela m'incita donc à cacher mes plaisirs […] je les jugeais et les dissimulais avec un sentiment presque morbide de honte. […] L'homme, en réalité, n'est pas un être unique, mais double. » (p.118)

En effet, cette citation illustre le combat qu'Henry Jekyll mène en lui pour mettre de l'avant l'idéalisme bourgeois. D'abord, l'énumération des valeurs caractéristiques aux bourgeois met l'accent sur l'abondance des qualités requises pour être un homme de la « middle class ». De surcroît, les premiers mots de chaque élément énuméré tel que « Héritier », « doué », « naturellement » et « désireux » pourrait bien en fait révéler une phrase telle que celle-ci : Un héritier doué naturellement au désir. Compte tenu de la situation dans laquel le protagoniste se retrouve, il se pourrait bien qu'il tente d'affirmer, malgré toutes les qualités qu'il possède, qu'il est en fait né pour désirer le plaisir. Dans le même ordre d'idées, le terme « plaisir » amène une conception différente qu’un simple sentiment dont le protagoniste a le contrôle. Il semble que le plaisir est une entité en soi. Dans ce cas, il est permis de croire que le docteur est possédé par le sentiment, tel un démon possède un humain, et qu’il ne fait pas seulement que le vivre. Au fond, les vertus bourgeoises sont clairement en opposition avec le plaisir, ce qui dépersonnalise l'individu. Le docteur Henry Jekyll crée un double afin d'abolir cette opposition, ce combat intérieur.

Photo du film Fight Club
Dans le film de David Fincher, Fight Club, Jack, le personnage principal, est victime de deux caractéristiques de l'époque contemporaine américaine, soit la société de consommation ainsi que l'émasculation de l'homme. D'abord, la société de consommation conduit l'être humain vers un état tourmenté, dépressif et fatigué[5]. Depuis que la société contemporaine a défini tous les êtres humains comme égaux, il n'y a plus de hiérarchie. L'humain doit donc se définir autrement. Rapidement, il est devenu obsédé par la possession matérielle et cela devient pour lui, entre autres, un moyen de pouvoir se définir et de s'imposer une sorte de hiérarchie par laquelle celui qui a le plus de biens a le plus de pouvoir. Afin d'obtenir ce pouvoir, le citoyen travaille et se définit par ce qu'il possède. Ce mode de vie amène le citoyen à « […] combler toutes leur insatisfactions par des marchandises […] »[6]. De ce fait, l'humain n'est jamais satisfait puisque ses désirs sont constamment renouvelés, entre autres, par les publicités. Dans l’une des premières scènes du film, le protagoniste est au téléphone avec le service d'achat Ikea. Lorsqu'il dépose le magazine Ikea par terre, un zoom se fait sur cette revue pour faire une transition par l'image vers le condominium de celui-ci. Cette méthode filmique démontre que l'habitat de Jack est en fait pareil au style de la revue et donc impersonnel. Rapidement, la caméra montre, à l'aide d'un panoramique de 360 degrés horizontal, l'habitat en question. Durant ce tour, une musique de style magasin grande surface ainsi que la voix de la réceptionniste de chez Ikea comble le son. Tel dans un magazine d'ameublement, le mobilier apparaît avec une petite description de chaque article. Ce moment démontre à quel point la consommation de biens matériaux a pris possession de la vie entière du personnage principal et que son besoin de renouveler ses acquisitions est tel un cycle sans fin. Il voudra toujours consommer plus, rendre son logement plus agréable en tentant de se transposer dans ces objets, de se définir : « Je feuilletais des catalogues en me demandant quel genre de service de table me définissait en tant que personne » (04:55). La fatigue de l'incessante possession matérielle et de son abondance pousse le protagoniste à se créer un double contre ce mode de vie.
D'ailleurs, ce besoin continu de consommer engendre une société où la compétition et la réussite sociale sont très présentes. Ainsi, lorsque Jack rencontre pour la première fois Tyler Durden (son double), il se questionne d'abord sur sa profession pour déterminer quel type de personne il est et pour comparer son statut au sien. Tyler lui répond en lui remettant sa carte d'affaire : « Tiens, l'unité de mesure de notre civilisation » (23:00). Cette scène démontre la manière dont les personnes peuvent juger de la réussite d'autrui. Les inégalités blessent plus facilement puisque l'individu se compare perpétuellement avec les autres. Si une seule personne possède plus que lui, il peut voir négativement sa réussite personnelle et sociale. Il se développe une obsession dont la plus grande pression est qu'il doit non seulement à tout prix réussir sur tous les plans, mais qu'il est aussi le seul et unique responsable de cette réussite.[7]
Photo du film Fight Club
   L'émasculation de l'homme est aussi très présente dans l'époque contemporaine.[8] Bien entendu, cette émasculation est au sens figuré, il ne s'agit pas, ici, de castration, mais bien de féminiser l'homme de la société contemporaine, de le rendre plus près de ses sentiments. Jack serait donc à l'opposé du concept héroïque, en agissant tel un homme trop sensible. Par exemple, il est trop à l’écoute de son corps au point d’aller voir le médecin. Sans modèle masculin réel, ce dernier n'a pu avoir une croissance psychologique normale ainsi que les hommes qui font partie du club de combat puisqu'ils sont en fait  «incapables de s'opposer à leurs pères». La théorie du complexe d'Oedipe (qui consiste à tenter, pour l'homme, de prendre la place de leur père et de l'affronter) est, ici, un concept habituel, voire légitime, pour le développement humain[9]. De surcroît, les hommes, pour des raisons diverses n'ont pas développé leurs caractères primaires et se sont, au contraire, identifiés à la femme perdant alors leur identité de base, animale. Alors que Jack et Tyler discutent à propos de quelle personne ils aimeraient le plus combattre, Tyler émet le désir de se battre avec son père. Il affirme, ainsi que Jack, que celui-ci n'a jamais été présent, le père était parti de la maison depuis le plus jeune âge. Jack et Tyler n'avaient pas de réel contact avec leurs pères et ils le téléphonaient à chaque année seulement. Ils leurs demandaient ce qu'ils devaient faire dans la vie. Après les études et se trouver un travail le père ne sait plus quoi proposer en disant à son fils qu'il doit se marier. Le père prétend, ainsi, que le travail est la fin de l’accomplissement de soi tout en appuyant l’idée qu’il faut suivre les normes préétablies, c’est-à-dire étudier, travailler et se marier. De ce fait, Tyler réplique : « On est une génération d'hommes élevés par des femmes » (40:18). Le père absent empêche le protagoniste de se battre contre lui, le travail, les normes de la société et refoule ce combat qui n'a jamais débuté. Ce manque engendre la création du double.

Bien que les deux protagonistes, le docteur Jekyll et Jack, vivent dans deux époques différentes, ils font tous les deux face à une pression causée par la société qui les entoure. Par contre, dans l’un il s’agit d’une pression exercée sur un groupe de personnes dans la société et dans l’autre une pression exercée sur l’individu en soi. De ce fait, le roman de Robert Louis Stevenson traite de ce phénomène en parlant de la classe bourgeoise en particulier par l’entremise du puritanisme. Il est possible de supposer que les pressions exercées sur les autres classes soient différentes. En opposition, le film de David Fincher illustre davantage la pression faite sur l’individu et non sur un groupe dans cette société de consommation tout en mettant l’accent sur l’homme qui est bafoué dans sa nature primaire. Malgré ces détails différents, il en résulte de ce type de pression une seule et même conséquence développée dans les deux œuvres : le double.

La manifestation du double, son évolution et la prise de conscience

Jekyll et Hyde (www.tumblr.com)
Dans le roman de Robert Louis Stevenson, Docteur Jekyll et Mister Hyde, la théorie de Carl Gustav Jung explique la manifestation de Mister Hyde. Carl Gustav Jung est un psychologue et psychiatre suisse ayant vécu entre le dix-neuvième et vingtième siècle. Il est d’ailleurs le disciple du célèbre neurologue autrichien Sigmund Freud.[10] En ce qui concerne les théories du double, Jung se base sur celles de Freud pour compléter ses pensées. D’abord, selon lui, en tous et chacun nous possédons une multiplicité et une diversité de caractère. C’est-à-dire que l’être humain a en lui plusieurs tempéraments, plusieurs types de personnalités. Ceci dit, cette idée ne définie pas seulement notre caractère multiple conscient, mais aussi et surtout notre psychique inconscient.  Il y a, entre autres, un côté obscure en nous qui n’est pas accepté socialement. Tel est le cas pour le docteur Henry Jekyll puisqu’il possède une attirance pour le plaisir comme il a été vu dans le chapitre précédent. Refuser ce côté de notre personnalité provoque, chez certains individus, un dédoublement de la personnalité : « Lorsque le travail d’assimilation des éléments inconscients ne se fait pas, le sujet est en proie à une dissociation de sa personnalité […] »[11]. Jung développe sa réflexion sur la création d’un double en y ajoutant les conséquences de l’évolution du double. En effet, « lorsque le sujet ne réalise pas les figures de son inconscient, celles-ci tendent à se personnifier et peuvent agir sur lui à la manière d’une véritable possession démoniaque »[12]. Dans le roman, plus le docteur consomme la potion qui a causé la dissociation, plus Hyde, le double obscur d’Henry Jekyll, prend possession de sa personne. Il est donc important que l’épreuve de la rencontre avec le double se réalise. Par contre, elle est périlleuse. Si l’individu n’est pas prêt à accepter le double, il y a risque qu’une relation de dépendance et de domination s’installe avec ce dernier. Effectivement, le docteur Jekyll a besoin de Hyde, mais il tente de s’en déprendre. Le double prend de plus en plus possession de lui, ce qui le fait tomber dans l’abîme. Il est possible de voir ce changement d’état par une analyse de l’action. Le tableau ci-contre résume les étapes de Jung et met en parallèle les évènements du livre. 
Étapes (Jung)
Le refus
La dissociation
La possession
L'épreuve
Résultat
Dans le roman
Henry Jekyll n'est pas capable d'accepter son désir au plaisir.
Jekyll crée une potion qui le dissocie de son côté obscur. Création du double; Hyde.
Jekyll abuse de la potion, il perd le contrôle et Hyde revient même sans avoir pris la potion.
Henry Jekyll ne veut toujours pas accepter Hyde. Il ne veut pas dormir et prend souvent la potion.
Hyde prend totalement possession d'Henry Jekyll. Ce dernier tombe dans l'abîme, il meurt.
Citations
« Cela m'incita donc à cacher mes plaisirs [...] » (p.118).
« […] je pris mon courage à deux mains et, d'un seul coup, j'avalais la potion […] je vis pour la première fois apparaître Edward Hyde. »(p.122 et 124)
« […] le miroir. À la vue de l'image qu'il me renvoya, mon sang se glaça dans mes veines. Oui je m’étais couché Henry Jekyll, je me réveillais Edward Hyde » (p.131).
« […] grâce à une sorte de gymnastique, perpétuellement et uniquement sous l'excitation immédiate de la drogue, que je pus conserver l'apparence de Jekyll. » (p.143).
« […] le retournèrent sur le dos et purent contempler le visage d'Edward Hyde […] il était bien mort […] l'homme s'est suicidé » (p.100).

La transformation de l’état initial à un nouvel état est claire dans ce tableau. D’abord, le protagoniste refuse la diversité de sa personnalité, ce qui s’apparente à l’état initial. Puis, il crée lui-même une dissociation avec ce côté qu’il n’aime pas, pour ensuite complètement perdre le contrôle de ce nouvel être qu’est Edward Hyde. Hyde reprend possession du corps de Jekyll lors de son sommeil et c’est à ce moment qu’il prend réellement conscience du pouvoir de son double, du danger qu’il encourt. À la place d’accepter son double pour ne former plus qu’un avec lui, tel que conseillé par Jung dans sa théorie, le docteur tente de s’en défaire et l’ignore encore plus. Enfin, le nouvel état se traduit par le suicide du docteur juste avant qu’il ne se transforme en Hyde. L’analyse de l’action, dans le roman de Stevenson, prouve que le double domine le corps du protagoniste.

C’est par les théories d’Otto Rank et Sigmund Freud que s’explique la manifestation du double dans le film Fight Club. Dans cet ordre d’idées, Rank, psychologue et psychanalyste juif, est le précurseur de Freud. Ses théories au sujet double sont quelque peu archaïques et même que certains autres psychanalystes ont pu démentir ce qu’il a avancé. De ce fait, il se base d’abord sur de vieilles anthropologies en tentant de concilier le concept d’âme immortelle et celui du caractère angoissant ou maléfique de l’apparition du double[13]. Par contre, l’utilisation de concepts dépassés s’applique difficilement à l’étude moderne du double. Ainsi, il serait facile de croire que Rank est inutile à l’analyse, mais l’idée centrale de ses théories est en fait une des bases du film de Fincher : « […] sa construction conceptuelle repose sur le fondement unique de la crainte de la mort. »[14]. Un soir, alors que Tyler montre à Jack comment faire du savon, il lui explique sa manière de voir les choses. Tyler crée une brûlure chimique sur la main de Jack avec de la soude, un acide corrosif au contact de l’eau. Bien entendu, Jack tente de se déprendre de Tyler qui le tient fermement par la main. Tyler affirme que la douleur est la base de tout, que sans elle il n’y aurait pas l’humanité telle qu’on la connaît aujourd’hui. Il faut vivre la douleur, ne pas la fuir. Il est d’ailleurs désespéré de voir Jack gâcher le « plus grand moment de sa vie » (1h02) en essayant d’éviter la douleur à sa main. À ce propos, il fait un parallèle entre la souffrance vécue en ce moment, le moyen de s’en défaire et la mort. Si Jack met sa main dans l’eau, premier réflexe, il doublera sa souffrance, par contre, s’il le rince avec du vinaigre tout s’arrêtera. Tel est ainsi avec la mort. Si l’humain tente toujours d’éviter la mort, il n’en souffrira qu’encore plus le temps venu. Tyler dit à Jack, penché vers lui, dans un champ interne, ce qui suggère l’importance des mots qu’il va prononcer : « Avant tout tu dois savoir, pas craindre, savoir qu’un jour tu vas finir par mourir » (1h03). Dans la perspective de Rank, Tyler est présent parce que Jack a trop peur de la mort. Il est là pour lui faire réaliser qu’en fait, la mort est l’aboutissement de tous et que tous auront à l’affronter, l’accepter.
Séries de photo du film Fight Club
Freud, quant à lui, développe l’idée du refoulement. À la différence de Rank, au sujet de la mort, il croit que le double est le résultat d’un refoulement plutôt que celui d’une phobie. Tous possèdent des caractères conservateurs qui poussent à un retour initial des pulsations de l’homme, voire la mort ainsi que la sexualité. Réprimer ces pulsations émet une pression sur l’homme. Ainsi, la cause d’un double peut être la source de désirs inaboutis ou alors de possibilités irréalisées causées par le refoulement. Par contre, il y a plusieurs autres raisons pourquoi le double est créé par l’individu. Soit à cause de l’ambivalence, de la projection, du narcissisme ou de la castration[15]. Il sera, ici, question de la projection pour expliquer la manifestation de Tyler. Ce concept consiste à  « attribuer à l’autre ce que l’on désire, ou ce que l’on s’empêche de désirer, ce qu’on l’on ne parvient pas à assumer. »[16]. Autrement dit, Tyler est un trait de caractère, un concept de Jack qu’il n’est pas capable d’assumer. L’individu ressent donc deux types d’émotions contradictoires face à son double. D’abord, il ressent de l’attirance, de l’admiration pour ce personnage qu’il n’a pas osé être, puis, une certaine haine ou peur face à un être qu’il aurait voulu être et qui ne cadre pas totalement dans ses valeurs qu’il a toujours connues. Bref, Tyler devient donc « une figure à la fois hostile, étrangère, et familière »[17]. Jack est un personnage contraint par la société de consommation, comme il a été démontré plus haut, ainsi que les valeurs qui s’ensuivent. Il ne se permet donc pas de fumer lorsqu’au début Tyler lui offre une cigarette et il fait son travail tel qu’il se doit d’être, même presque tel un robot alors qu’il s’adresse à son patron qui lui propose un changement d’horaire : « vous me demandez de déplanifier les programmes conjecturels jusqu’à ce que vous réévaluiez les paramètres? » (4 :32). Il contraint son être alors que Tyler fait tout le contraire de ce que lui fait. Tyler semble libre, il ne prend pas au sérieux ses emplois (insérer des images pornographiques lors de représentation de films pour enfant ou alors uriner dans la nourriture d’un restaurant pour riches personnes) ou ne semble pas conscient, ne redoute pas les conséquences de ses actes. Tyler est pour Jack une personne de référence, il l’admire et devient peu à peu comme lui tel qu’il est représenté dans la scène suivante : alors que Jack travaille à son bureau, les vêtements sales et son corps en mauvais état, son patron vient lui présenter une feuille concernant les règles régis par le club de combat qui a été oubliée dans la photocopieuse de la compagnie. Jack se lève et le met en garde, faisant réaliser à son patron que la personne qui avait écrit les règles devait être très dangereuse et, donc, il ne devrait pas montrer la feuille à tout le monde. Pendant ce long discours à son patron, Jack remarque ce qu’il dit à son patron et sur quel ton il le dit : « Les paroles de Tyler me sortaient de la bouche, moi qui était un type si gentil dans le temps. » (1h05). Ici, le protagoniste réalise qu’il est en train de devenir comme Tyler, l’être qu’il aimait bien, qu’il considérait comme « une vraie mine d’information » (1h01), bref qu’il admirait. Bien que la théorie de Jung ne s’applique pas forcément à ce film, il y a un lien à faire avec la fin du long métrage. En effet, lorsque Jack réalise que Tyler est en fait le résultat d’un dédoublement de personnalité, il tente de s’en déprendre et de faire échouer les plans de son double. Il y a donc une épreuve où, à la toute fin, Jack réussit à affronter Tyler et le fait tomber dans l’abîme en se fusillant le crâne, sans pour autant mourir lui-même. Enfin, les théories de Rank et Freud prouvent que Tyler est le résultat d’une phobie de la mort et le refoulement de désir inaboutis et possibilités irréalisées.

À la suite de ces constations, le double se manifeste décidément de manière différente pour des causes différentes dans les œuvres étudiées. Dans le livre Docteur Jekyll et Mister Hyde, le double résulte d’une mauvaise acceptation de soi par le protagoniste. Il tente, dès le début, de se détacher de son côté obscur et n’accepte donc jamais son double. À l’opposé, le protagoniste du film Fight Club vit une admiration envers son double, l’homme qu’il n’a jamais pu être. Au lieu de s’en détacher, il s’en rapproche toujours de plus en plus. Dans l’hypothèse où c’est la proximité avec le double qui définie le résultat de l’épreuve de la rencontre, il serait plausible de croire que plus le protagoniste accepte son double, plus il est possible qu’il s’en défasse. Ainsi, il ne serait pas surprenant que Jack ait survécu et non le docteur Jekyll.

Les sens du double dans le récit

Selon le roman de Robert Louis Stevenson, le double est en fait une représentation objective de lui-même. Relativement aux nombreuses études faites sur le double, plusieurs thèmes et sous-thèmes résultent de ces écrits. Ainsi, ces complexes études sur le double se divisent d’abord en deux types. D’une part, le double subjectif est une représentation de l’individu avec lui-même et, d’autre part, le double objectif est une représentation des rapports du monde avec l’individu. Donc, dans le premier cas, le double est une part de l’individu transférée, un trait de caractère, un désir ou même un moyen de s’accomplir. Dans le deuxième cas, le double est le résultat de la vision de l’individu face à la société qui l’entoure. L’individu a l’impression que les lois de la nature sont contre lui, que l’ordre du monde est contre lui. Il crée alors un double pour contrer ces « attaques ».
Pour le roman du Docteur Jekyll et Mister Hyde, il est clair que l’histoire s’applique au double subjectif. Le docteur Jekyll a créé, avec le personnage Mister Hyde, un double qui est la représentation de lui-même. Par contre, à cela s’ajoute l’idée d’un double interne ou externe. Puisque Hyde n’a jamais été associé au docteur, mais qu’il est une possession, le double se voit ici interne. Tout se déroule en fait à l’intérieur de lui-même, il n’y a pas deux personnalités distinctes dans deux corps distincts. Ils partagent la même mémoire et la même charpente. Pour ainsi dire la possession par Mister Hyde est en fait un signe de perte de pouvoir du docteur Jekyll. Ce dernier n’ayant pu contenir en lui toute son énergie, il s’en sépare et, ainsi,  perd de son pouvoir. Il devient faible, puisqu’il développe une certaine obsession envers son double. D’abord, la fascination règne, telle que le docteur Jekyll ne pouvait s’empêcher de boire de sa potion : «C’est dans ces conditions que mon nouveau pouvoir m’offrit une tentation dont je finis par devenir l’esclave » (p.126). Sa transformation en Mister Hyde devient pour lui quelque chose dont il ne peut se passer. Par contre, lorsqu’il se rend compte que Hyde le possède de plus en plus, le docteur Jekyll souhaite seulement qu’il disparaisse. Malheureusement, plus le docteur tente de combattre Hyde, plus il s’affaiblit et plus Hyde devient fort. C’est à ce moment que les possessions démoniaques deviennent dangereuses. En effet, lorsque Jekyll ne veut plus de Hyde, ce dernier peut se retourner contre lui. Le désir de libération de Jekyll le garde en vie jusqu’à ce que la raison ait Hyde et qu’il mette fin à ses jours. La figure démoniaque de Hyde et de la possession permet de croire que le mal est plus fort que toute la saine volonté et qu’il est donc beaucoup plus difficile pour l’homme de faire le bien plutôt que le mal. Bref, Hyde est une figure démoniaque de possession qui amène à croire que le mal triomphe du bien.

Photo du film Fight Club
Dans le film de David Fincher, Fight Club, le double se définit par une représentation subjective du protagoniste. Pour reprendre le concept mentionné plus haut, le double subjectif est une figure, entre autres, de scission d’un individu. Une part de lui-même est transposée dans le double. De plus, le double dans le film de Fincher se traduit par une représentation externe, comme il a été mentionné plus haut. Le double est donc purement psychologique, mais se développe à l’extérieur du protagoniste, ils ne partagent pas la même mémoire ni la même charpente. Ici, Tyler est une représentation des craintes mortelles de Jack. Ainsi, il est une partie du protagoniste, une transposition de sa crainte de la mort et le refoulement d’une personne qu’il n’a pu être. Il est nécessaire, pour le protagoniste, de combattre ce double. Cette étape est, parmi les études faites, cruciale pour un éventuel retour à la normal. À la toute fin du film, le protagoniste, Jack, va combattre Tyler, son double. Afin que Jack s’en sorte, il doit pouvoir battre Tyler dans une perspective d’avenir, ne pas retourner dans le passé pour absorber son double, qu’il fasse partie intégrante de lui. C’est ce que Jack va réussir à faire en se tirant une balle dans la tête. Il accepte et assume ses actes passés, mais ne veut pas pousser plus loin le projet apocalypse, ni toute autre idée plus extrême de Tyler. C’est ce qu’il affirme dans la scène finale, où il a une discussion avec son double et qu’il réussit enfin à s’en déprendre. Il confirme lui-même que tout cela est chose du passé à Marla, venue le rejoindre de force : « Tu m’as rencontré à une étrange étape de ma vie » (2h15). Ainsi, Jack confirme que cette « étape », comme il le dit, est révolue et qu’il passera à autre chose. Les gratte-ciels qui explosent au fond célèbre aussi le passage à un renouveau, ceux-ci représentant des bâtisses de la finance, maintenant détruites. Il faudra rebâtir un nouveau système. Pour Jack, cela signifie bâtir une nouvelle vie sans Tyler et avec Marla, sans oublié ce qu’il a apprit par son double. De surcroît, le suicide symbolique de Jack (la mort de Tyler) signifie clairement qu’il est passé par-dessus la peur de la mort, qu’il a carrément « tué » sa peur. Il a aussi éliminé l’homme qu’il n’était pas et accepté qu’il ne le soit jamais, car ils ne partagent pas les même idées surtout pour ce qui était du projet apocalypse. Puisque Jack a passé « l’étape », il ne retourne donc pas vers le passé. Enfin, le protagoniste subjectif dans une perspective externe définit le double dans le film de Fincher.

Au terme de ces réflexions, il est possible de maintenant comparer le sens du double dans les deux œuvres étudiées. Bien que les deux doubles proviennent d’une représentation subjective de leurs protagonistes, il y a une distinction claire quant à leur côté interne ou externe qui change du tout au tout la fonction du double et la relation qu’il a avec le protagoniste. Dans le livre Docteur Jekyll et Mister Hyde, il y a haine entre le double et le protagoniste, en plus que le double tente de le posséder, alors que dans Fight Club, le double a plutôt une fonction incitative et il s’était créé une relation d’admiration et de confiance entre les deux personnages. En somme, plus le double est partie intégrante de l’individu, plus il est possible qu’ils tissent des liens entre eux et, qu’au final, le double soit plus facile à accepter. Il y aurait ainsi une sorte de renaissance, puisque l’individu qui accepte son double, s’accepte lui-même et accepte d’avancer, de ne pas rester la personne qu’il était avec les préoccupations qui l’oppressaient.

Conclusion

Affiche du film Le Cygne noir
Bien que les protagonistes soient dans des époques différentes, ces dernières sont des moteurs de pression sur les protagonistes et  cette pression contribue à la création de leur double respectif. D’abord représenté dans le roman de Stevenson, le docteur Jekyll tente d’abolir l’opposition de ses convictions avec celles de la bourgeoisie et de la société victorienne. Ensuite rappelé dans le film Fight Club, Jack tente, au contraire du docteur Jekyll, de réaliser ses convictions et se défendre contre la société de consommation et l’émasculation de l’homme. Puis, l’aspect de la manifestation, de l’évolution ainsi que la prise de conscience du double démontre, à l’aide des théories de Jung, Rank et Freud, une opposition entre les deux protagonistes étudiés. Il a été prouvé que le docteur Jekyll, au contraire de Jack, n’accepte jamais son double et n’a pas de proximité avec ce lui, ce qui pourrait être l’explication de la mort de Jekyll et non de Jack. Dans la troisième partie de l’analyse, le sens du double de chacune des œuvres a été interprété. Il a été noté que le double est une étape cruciale pour l’individu qui, s’il s’en sort, pourrait être vue telle une renaissance de l’être. À l’opposé de Jekyll, Jack a trouvé en son double un apport bénéfique pour son être, alors que Jekyll n’y a trouvé que la mort.En observant les différents éléments recueillis lors de l’analyse, il serait intéressant de se pencher sur le phénomène de dédoublement de personnalité masculin et féminin afin de les comparer. Par exemple, avec le film le Cygne noir de Darren Aronofsky et Fight Club de David Fincher ou même le roman.






Médiagraphie
Les œuvres :
v   Stevenson, Robert Louis, Docteur Jekyll et Mister Hyde, coll. «grands textes poche», France, Éditions Nathan, [s.a.], 151p.

v  Fincher, David, Fight Club, [DVD], États-Unis, Regency, 1999.
         
  Les références citées :
v  Blumenfeld, Samuel, « Guerre à la société de consommation », Le monde, 10 novembre 1999, p.33 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Bonnerot, Louis, Marx, Roland, « Victorienne (époque) », Encyclopaedia Universalis [en ligne], (consulté le 11 février 2013).


v  Déziel, Stéphanie, Formation de l'esprit critique et société de consommation, mémoire de maîtrise en philosophie, Université Laval, 2010.


v  De Villeroy, É., Les personnalités multiples, histoire d'une illusion psychiatrique, [article en ligne], (site consulté le 10 avril 2013).

v  Jourde Pierre, Tortonese Paolo, Visages du double un thème littéraire, série « littérature », France, Éditions Armand Colin, 2005, 251 p. (« Les théories du double » p.59 à 89 / « Le double dans le récit » p.91 à 130).

v  Metais, S., « Complexe, psychanalyse et psychologie », Encyclopaedia Universalis [article en ligne], (consulté le 5 mai 2013)

Les autres références :

v  Brown, Lindsay, « Fight Club an exhilarating free-for-all: Director David Fincher's visual style matches the content, giving the film tremendous energy and a surprise twist», The Guardian, 22 octobre 1999, p.C4 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Belzil, Patricia, « Noir cygne de perfection », Jeu: revue de théâtre, 2011 n° 140, p.129-134 (consulté sur Érudit le 10 février 2013).

v  Jobin, Thierry, « Fight Club, dernier opus d'un cinéma « pousse-au-crime »? », Le Temps, 10 novembre 1999 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Lim, Denis, « Fight Club fight goes on », The New York Times, 8 novembre 2008, p. AR 18 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Mulard, Claudine, « La violence de Fight Club discrédite le classement des films aux Etats-Unis », Le monde, 6 novembre 1999, p.32 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Médioni, Gilles, « Fight Club s'adresse à un public sain », L'Express, 11 novembre 1999, p.139 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Provencher, Normand, « Fight club, controversé à sang pour sang », Le Soleil, 16 octobre 1999, pG1 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Protat, Zoé, « Le double au cinéma : Corps, identité, fantasme », Ciné-Bulles, printemps 2011, vol. 29, no 2, p. 48-51.

v  Reins, Sacha, « Entreprise de démolition », Le point, 12 novembre 1999, p.138 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).

v  Sparrow, Katharine M., « Movie Review: Fight Club - A Film Worth Talking About », Blogcritics, 16 Octobre 2010 (consulté sur Eureka le 3 février 2013).




[1] É. de Villeroy, Les personnalités multiples, histoire d'une illusion psychiatrique, [article en ligne], (site consulté le 10 avril 2013).
[2] P. Jourde, P. Tortonese,  « Le double dans le récit » dans Visages du double un thème littéraire, p.97, 101.
[3] L.Bonnerot, R. Marx, « Prise de vue » dans Victorienne (époque), [article en ligne], (consulté le 11 février 2013).
[4] R.L. Stevenson, Docteur Jekyll et Mister Hyde, p.17-18, à partir de maintenant les références à cette œuvre seront identifié entre parenthèse dans le texte.

[5] S. Déziel, « L'obsession des objets » dans Formation de l'esprit critique et société de consommation, p.29.
[6] Ibid., p.9.
[7] S. Déziel, « Compétition et réussite sociale» dans Formation de l'esprit critique et société de consommation, p.14.
[8] S. Blumenfeld, Guerre à la société de consommation. Fight Club. Une satire américaine dont le propos tourne court, [article en ligne], (consulté le 10 avril 2013).
[9] S. Metais, « Complexe, psychanalyse et psychologie », [article en ligne], (consulté le 5 mai 2013).
[10] P. Jourde, P. Tortonese, « Lest théories du double » dans Visages du double un thème littéraire, p.69.
[11] Ibid., p.69.
[12] Ibid., p.70.
[13] Ibid., p.59.
[14] Ibid., p.62.
[15] Ibid., p.64 à 66.
[16] Ibid., p.64-65.
[17] Ibid., p. 65.